Intervention du groupe Parti de Gauche au Conseil Municipal de Cognac du 23 Mai 2013
Emploi d’avenir pour quel avenir ?
Celui que nous dessine nos gouvernants sans discontinuité depuis 20 ans ?
Emploi d’avenir, un contrat de travail particulier, un de plus ; avec exonération de charges, alors que les caisses de la Sécurité Sociale sont déficitaires.
Un contrat pouvant être financé jusqu’à 75% du SMIG par l’état.
Si l’état se donne les moyens de financer ce type de contrat, pourquoi n’augmente t’il pas la dotation aux collectivités, pour que ces dernières créent les emplois statutaires dont elles ont besoin ?
Un emploi d’avenir de la même veine que les TUCS, SIVP, CES, CAE, emploi jeune, CUI, et autres ; alors qu’il n’y a jamais eu d’évaluation pertinente de ces différents contrats, pour démontrer leurs effets positifs sur le chômage.
Nous sommes pour d’autres solutions plus radicales, car il faut un véritable traitement de fond pour arriver à combattre et vaincre le chômage.
Ce n’est pas en instaurant l’austérité, que les élus qui accréditent ce choix y parviendront.
Cette situation nous conduit d’ailleurs inexorablement dans l’impasse, en imprimant une récession économique qui débouche sur 1 000 licenciements par jour en cette année 2013.
Avant d’être offerts au privé semble-t’il, ce qui serait une forfaiture, ces emplois d’avenirs sont proposés aux associations et collectivités.
Associations pour une bonne partie d’entre elles, qui saisissent ces contrats en lieu et place de pouvoir salarier un professionnel. Pourquoi ce choix : pour tenter de répondre à un besoin social nécessaire, et à une demande institutionnelle, pour laquelle ils n’ont pas les subventions.
150 000 emplois d’avenirs pour contribuer à résorber le chômage qui touche 3 500 000 demandeurs d’emplois de catégorie A, et 5 000 000 toutes catégories confondues, sans évoquer le nombre de travailleurs pauvres. On voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes, que l’on ne si prendrait pas autrement !
Emploi d’avenir qui dénature le CDI, et précarise un peu plus les salariés comme la nouvelle loi l’ANI, souhaitée par le MEDEF, et voulue par le gouvernement, mais vilipendée par une majorité de salariés, et qui va accroitre la pauvreté et la désespérance.
Pour lutter contre le chômage des jeunes, ne vaut-il pas mieux comme nous le faisons au sein de notre collectivité, une politique d’apprentissage ambitieuse pour mener à un emploi durable, nous avons d’ailleurs « stagiairisé » deux apprentis. Alors quelle est la finalité de ces emplois d’avenirs, si ce n’est, comme bien souvent, un effet d’aubaine pour faire face à des besoins permanents ?
Nous allons donc avoir de la main d’œuvre pour pas chère, qui va augmenter l’effectif des agents précaires de la mairie, alors que par ailleurs nous avons mis en place une politique de résorption de la précarité…
Nous contribuons par ce choix à appauvrir, et à fragiliser le statut de la fonction publique, et son efficience à moyen terme, nous sommes en contradiction avec la politique que nous menons en direction des agents, avec beaucoup de difficultés certes, mais avec des réussites.
Alors qu’il nous faudrait une politique ambitieuse à tous les niveaux, qui devrait passer par le partage des richesses, par le partage du temps de travail, entre autre. Nous en sommes encore aux mesurettes pour amuser la galerie, pour faire croire que l’on s’attaque résolument au problème. Ce sont les mêmes objectifs qui dictent cette politique, qui est de contraindre les salariés à payer un lourd tribu pour permettre à une « élite » de continuer à jouir de leur argent, et à poursuivre leur jeu de massacre de la protection sociale, et ce au nom de la sacro sainte règle libérale.
De plus, paradoxe de la situation, et qui vient compléter le tableau, nous avons des jeunes au chômage mais aussi des salariés de plus de 50 ans licenciés qui ne retrouvent pas de travail, et l’on va exiger de ces derniers, de travailler plus longtemps ? Ou ? et dans quelles conditions ?
Je pose la question à quand un Contrat pour les Seniors Sans Avenir, avec son cortège d’atteinte à la « dignité salariale » et la boucle sera bouclée !
Pour conclure
Je vous le demande seriez vous prêt à accepter un emploi sans avenir, ou à le souhaiter pour vos enfants, avec sa rémunération, son absence de perspective, si ce n’est celle d’avoir une reconduction de contrat, ou celle de retourner à la case départ ?
Démystifions l’intérêt de ces emplois, qui, comme disent ceux qui ne sont pas concernés,
« que c’est mieux que rien, et qu’il faut s’en contenter »
Si nous devons répondre à des besoins économiques et sociaux, créons de vrais emplois.
Vous l’avez compris, nous voterons contre la mise en place de ces emplois d’avenirs, qui ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois.
Je terminerai par cette citation d’Albert Jacquard :
« le véritable remède contre le chômage, est qu’il n’y ait plus de travail pour personne, mais pour chacun une véritable place dans la société »
Serge Lebreton