Leroy-Somer, fabricant français depuis 1919 de moteurs électriques industriels et alternateurs, a été acheté en 1990 par le groupe américain Emerson. Celui-ci mène, depuis le départ des dirigeants historiques du groupe, une politique de rentabilité financière à court terme et de délocalisations (38 sites dans le monde, dont les plus importants dans les pays à salaires de misère et à protection sociale minimale). Les 6 sites charentais, encore premiers employeurs privés du département, ont vu leurs effectifs fondre de 3.500 à 2.000 en quelques années.
Alors même que ces sites proches d’Angoulême ont reçu sous forme de crédit d’impôt CICE un cadeau fiscal de 3,6 millions €, transformé en dividendes aux actionnaires, la direction pousse la cupidité et le cynisme jusqu’à demander aux salariés de compenser le versement d’une prime d’intéressement par l’abandon d’acquis sociaux (journées RTT) !
Fiers de leur savoir-faire en fonderie fonte et aluminium, engrenages, bobinage, outillages, injection (certifications ISO9001 et 14001), les salariés et leurs syndicats unis (CGT, FO, CFDT) ont décidé une grève avec occupation. La direction n’a non seulement pas accepté de rencontre ou de négociation, mais a envoyé des huissiers pour une action en référé qui s’est tenue le 30 décembre contre « les 9 grévistes présents, les autres et leur chef »(sic)
Comme ont témoigné les syndicalistes au piquet de grève, ils ont tous perdu en moyenne sur leur fiche de paie depuis ces cinq dernières années environ 5000 € par an.
La politique de l’offre que fait subir François Hollande est en train de détruire ce qui nous reste du tissu industriel. Les cadeaux fiscaux, le crédit d’impôt n’ont fait qu’exciter la convoitise de patrons financiers peu scrupuleux, abandonnant toute forme de dialogue social et criminalisant l’action syndicale.
Les militants que nous sommes venus soutenir aux piquets de grève devant les entrées d’usine nous ont exprimé leur désarroi et leur combativité devant autant de mépris de la part de leur direction.
Que le gouvernement ai choisi de se montrer généreux avec le patronat est une chose. Mais comment a-t-il été possible de n’exiger aucune contrepartie ne serait-ce que sur la consolidation des emplois, des perspectives d’investissement, d’un intéressement plus que mérité aux salariés ?
De partout en France, les inégalités sociales sont grandissantes, soulevant une colère du monde ouvrier bien au-delà des appels lancés par les organisations syndicales.
Ce qui se passe à Angoulême fera un effet boule de neige dans la région. Déjà, des témoignages de solidarité des travailleurs voisins arrivent toujours plus nombreux. Nous avons pu constater que le courage de ces travailleuses et travailleurs, qui s’apprêtent à passer leur deuxième réveillon devant leurs usines par un froid glacial, reçoivent une solidarité chaleureuse et concrète de la population locale.
Les militants ont profité de notre présence pour exprimer leurs voeux à tous les travailleurs en lutte mais également à toutes celles et ceux à la recherche d’un emploi.
Informés de cette action, les journaux locaux, Charente Libre et Sud-Ouest, ont fait une large part dans leurs colonnes à la situation des Leroy-Somer
Nous sommes fiers, militant-es du Parti de Gauche de Charente et du secteur Entreprises et Luttes Sociales, d’avoir pu témoigner notre solidarité active à ces femmes et ces hommes qui mettent en avant ces slogans qui nous sont chers, « on lâche rien » et « l’humain d’abord ».
Des informations détaillées, images et vidéos sont en ligne sur www.facebook.com/pg.en.luttes
Philippe Juraver, secrétaire national et Jean-Paul Renoux, Co-responsables du secteur Entreprises et Luttes Sociales