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Fév 04

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Tais-toi et vote !

Je suis allé à l’école pendant 20 ans. De 4 ans à 24 ans. Bon élève souhaitant réussir, j’ai écouté, obéi, répondu comme il fallait aux questions des professeurs, obtenu mes examens et fini diplômé sans avoir eu l’idée que je pouvais donner mon avis sur l’organisation ou le contenu de l’enseignement.

Avec mon diplôme en poche, j’ai trouvé du travail. Dès mon arrivée dans l’entreprise, on m’a fait comprendre que je n’avais rien à dire sur son organisation, la nature et la qualité de sa production.

Le soir je rentrais dans mon quartier. Locataire de mon appartement, je subissais les hausses de loyer, les insuffisances d’entretien sans que l’on me demande mon avis. J’appris un jour que tout près existait une bibliothèque de quartier, je me dis que si je la fréquentais, cela m’éviterait de sortir à nouveau le soir pour aller en centre ville et que j’aurais ainsi l’occasion de rencontrer des voisins et de discuter d’autre chose que de match de foot. Hélas cette bibliothèque était fermée ! Les habitants pouvaient apercevoir les livres à travers la porte vitrée. Un peu étonné, je cherchais à savoir ce qui motivait la fermeture de cette bibliothèque. J’appris qu’elle était la propriété d’une association socio-éducative vivant entre autre des subventions de la ville, mais que faute d’éducateurs en nombre suffisants personne ne pouvait ouvrir cette bibliothèque.

Prétentieux sans doute, je me dis que, à quelques-uns, nous saurions bien tenir cette bibliothèque, des habitants savaient lire et écrire, d’autres avaient des diplômes qui supposaient une culture au moins égale à celle des éducateurs et pour peu que cette association « éducative » nous donne les moyens d’une formation de base nous saurions tenir les registres, parler de livres et même peut-être choisir ceux qui nous intéressaient. J’osai même en parler aux responsables de cette association ! Mal m’en prit, on me fit comprendre bien vite que si les habitants se mêlaient d’organiser eux-mêmes les activités qui leur étaient offertes et d’utiliser les locaux payés avec leurs impôts, ce serait la pagaille et le gaspillage. Habitué à obéir j’en convins.

J’aurais pu croire que dans mon pays nous n’avions guère le droit que de nous taire ! Heureusement tous les 2 ou 3 ans je pouvais choisir de voter pour un conseil municipal, un conseiller général ou régional, un député et même le président de la République. Le choix était restreint mais c’est bien ce qui indique que nous sommes en démocratie. Je pouvais choisir entre deux personnages qui, très beaux sur leurs affiches, m’adressaient un slogan réduit à quelques mots. Il était bien vrai qu’il était inutile de savoir lire pour être libre de choisir pendant quelques minutes une fois tous les deux ou trois ans !

Mais habitué à l’obéissance j’étais fort désemparé, je devais choisir ! Comme la plupart de mes voisins je m’évitai cette souffrance en restant chez moi.

MM

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