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Fév 20

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L’enseignement désintégré, à Cognac comme ailleurs

Publié originellement sur le blog Citoyen de Cognac.

Depuis des années, les réformes succèdent aux réformes dans le service public de l’enseignement. Le fil rouge de ces réformes s’intègre dans la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) et la réduction drastique des personnels comme objectif affiché. Derrière cette volonté de « rationalisation » et de « performance » on voit poindre un schéma classique d’attaque des services publics déjà déployés dans d’autres secteurs : énergies, transports, communication et même santé. Sous couvert d’efficience c’est surtout une double stratégie de désengagement de l’état de ces fonctions régaliennes : économie budgétaire par la fermeture de postes et de classes qui conduisent à des manques rendant le service bancal. Induisant une perte de repères des acteurs et un déficit de crédit auprès des populations. Ceci préparant délibérément l’ouverture aux entreprises privées, dans l’enseignement comme ailleurs.

Cette volonté de remplacer les services publics par des acteurs privés en leur offrant ainsi gratuitement de nouveaux marchés est inscrite dans la politique générale depuis l’AGCS qui a affiché clairement les objectifs libéraux : ouvrir l’ensemble des services publics au secteur marchand.

A Cognac, l’éducation est aussi menacée.

L’actualité récente montre que ce sont les collèges et lycées qui subissent actuellement les foudres de la réforme et le nouveau plan de DHG (Dotation Horaire Globale), qui définit les moyens de chaque établissement). Des mobilisations récentes s’activent sur l’ensemble du territoire et dans notre région les choses bougent un peu (La Rochelle, Saintes, Auch, Pau, Périgueux…).

Cette réforme en cours va toucher plusieurs établissements du secondaire de Cognac et provoquer principalement :

  • La fermeture de nombreuse classes (2 classes à Élisée-Mousnier, 2 ou 3 autres à Jean Monnet)
  • Des hausses d’effectifs par classe (certaines classes atteindront le plafond de 30 élèves)
  • On parle même de l’application du « zéro » redoublement en seconde à Jean Monnet (tous les élèves passeraient en première quel que soit leur niveau, faute de place l’an prochain) !<
  • Plus d’heures disponibles pour assurer les missions de soutien complémentaire (ce qui laisse le champ aux organismes privés de développer leur offre commerciale, à l’extérieur, sans concurrence)
  • Pas ou peu de remplacements des enseignants absents (la réduction des postes d’enseignants ne permet plus de disposer d’un volant suffisant) et quand il y a remplacement ce sont souvent des professeurs-stagiaires et parfois de disciplines différentes
  • Réduction de la durée de formation des bacs pro (1 année de moins) et augmentation des effectifs des classes

A Cognac, c’est assez rare pour le souligner, les syndicats d’enseignants commencent à se rassembler au sein d’intersyndicales (CGT, FNEC FP-FO, Snes-FSU, et Sud) pour mobiliser plus et ça marche. Les fédérations de parents-d’élèves (FCPE et PEEP) rejoignent la grogne. Ils réclament des effectifs de 25 élèves maximum, le maintien des classes que le rectorat veut fermer et le maintien des projets pédagogiques correspondants aux contrats d’objectifs.

Réforme(s) ou destruction ?

Au niveau national, la prochaine rentrée verra la suppression de 16 000 postes d’enseignants, qui s’ajoutent au 50 000 postes supprimés depuis 2007. Malgré des effectifs d’élèves en hausse.

C’est un désengagement évident et volontaire de l’état, on peut même y voir la mise en application de ce que certains intellectuels du Medef osent désormais dire tout haut : « nos entreprises n’ont pas besoin d’une main d’œuvre trop formée« . Un futur enseignement à 2 vitesses se dessine : un socle public de base pour apporter le strict minimum nécessaire aux emplois et un enseignement privé pour les élites.

La stratégie de minage de l’éducation nationale est bien rodé. L’attaque est orchestrée depuis longue date et prend bien soin de ménager des brèches un peu partout et à tour de rôle. Ainsi a Cognac, comme c’est la cas partout ailleurs, le rectorat prend bien soin de ne pas attaquer tout les établissements en même temps. En ce moment ce sont surtout les lycées, mais l’an passé c’étaient les maternelles qui avaient subit les foudres de la réforme avec la fermeture de 3 classes à Cognac (école primaire Paul Bert, maternelle St-Exupéry malgré 7 élèves en plus et maternelle Jean de la Fontaine qui se retrouve avec 2 classes pour 55 élèves). L’année d’avant le collège Felix Gaillard et quelques écoles primaires, encore avant le lycée Claude Boucher…

Les signes d’inquiétude deviennent très menaçant.

  • Ainsi désormais en France, seuls 10% des enfants de 2 à 3 ans sont scolarisés.
  • Au dernier classement PISA des pays de l’OCDE en matière d’éducation, la France régresse en dessous de la moyenne, se plaçant en queue du peloton pour les inégalités dans l’enseignement.
  • La récente réforme de l’enseignement des professeurs a mis en place des professeurs-stagiaires qui avec une formation pédagogique de 5 jours se retrouvent seuls face à des classes.
  • Le regroupement de certaines classes, notamment dans les établissement techniques, sur certains cours communs (troncs communs) pour des filières différentes, qui aboutissent parfois à des effectifs de 35 élèves.
  • Après les élections cantonales, le gouvernement va publier un nouvel assouplissement de la carte scolaire dont les prémices font déjà débat entre spécialistes et poursuivre l’expérimentation d’un seul professeur pour toutes les matières scientifiques et développer les stages (hors temps scolaire) en partenariat avec des entreprises privées (EADS, Casio, Microsoft et le Crédit Mutuel sont sur les rangs) afin de « faire des maths autrement« .
  • L’enseignement se tourne vers les élites et un minimum pour les autres classes. La logique du tri des élèves est désormais en place dès la classe de CM2 avec le test généralisé dont les résultats sont pour l’instant seulement transmis aux instituteurs et parents mais dont le ministère prévoit à terme la transmission aux collèges, ce qui laisse planer le retour de l’examen de passage pour l’entrée en sixième.
  • Prime aux résultats pour les chefs d’établissements (collèges et lycées). Jusqu’à 6 000 euros suivant la réalisation des contrats d’objectifs et de la performance et l’établissement. Pour les recteurs d’académie les primes pourront atteindre 22 000 euros avec désormais le choix des fermetures de classes. Ce qui développe le principe de concurrence et de la rémunération variable facteur d’inégalités. Les syndicats d’enseignants dénoncent une prime à la servilité.

Mobilisations

Face à ces menaces, la fronde s’organise toutefois. Des mobilisations sont en cours et beaucoup dénoncent ces états de faits et projets de réformes.

Ainsi récemment un ancien professeur et proviseur a renvoyé sa palme académique au ministère pour dénoncer la mise en place de la prime aux résultats de réduction des effectifs. Son action individuelle a été suivi par 47 de ses collègues. A Auch par exemple les habitants et parents d’un quartier difficile (Garros) se mobilisent depuis le début de l’année pour dénoncer la fermeture de 3 classes malgré des effectifs en hausse et un classement en zone prioritaire. Les locaux administratifs de l’établissement ont été occupés sans perturber les enseignements.

A Cognac, une action inter-syndicale et inter-établissement est en cours d’organisation pour la rentrée et avant le 22 mars, date de mise en application. Cette action aura probablement lieu le jeudi 10 mars. A suivre…

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