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Oct 11

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Il ne faut pas vendre la peau du rat avant de l’avoir tué

Depuis quelques jours, les photos de rats ayant consommés des OGM et atteints de tumeurs monstrueuses s’étalent dans nos journaux. Elles illustrent de façon spectaculaire une communication scientifique du professeur G A Séralini.

Elles entraînent une réaction de rejet immédiat des OGM de la part des consommateurs.
Comme toute étude scientifique, elle va être controversée bien que la souche de rats soit couramment utilisée pour des expérimentations de ce type et que le nombre de rats traités soit le même que celui utilisé par Monsanto dans ses études de (non)toxicité des OGM.

Si on peut être surpris des techniques de communication grand public utilisées par le chercheur, celles-ci étaient peut être nécessaires pour que se pose réellement la question des OGM. L’objectif de Séralini était de faire prendre conscience aux consommateurs de la dangerosité des OGM en jouant sur le sentiment de méfiance vis à vis d’une alimentation entre les mains des firmes agro alimentaires.

Effectivement, cette étude ne porte que sur une seule variété d’OGM – autorisée à l’importation mais interdite à la culture en Europe – résistante au désherbant Round Up ( matière active le glyphosate ) ; alors qu’il existe bien d’autres variété d’OGM non seulement résistante au Round Up mais également productrices d’insecticides ( BT), ou les deux …

Avec ces publications, des problèmes particulièrement graves arrivent au grand jour.

D’abord cette étude met surtout en valeur l’insuffisance des études de toxicité de nombre de produits mis sur le marché, et tout particulièrement des OGM.
Les expérimentations conduites pour tester l’innocuité des OGM étaient jusqu’à présent réalisées par les firmes produisant ces mêmes OGM ; conduites avec le même nombre de rats, elles ne duraient en réalité que 3 mois et non 2 ans comme l’expérimentation de Séralini ; il n’est donc pas étonnant qu’elles aient conclu à l’absence de danger des OGM …sauf en cas d’effets toxiques aigus !
Cela doit nous amener à remettre en question les procédures d’évaluation de la toxicité des produits que nous côtoyions régulièrement, que ce soit sur les aliments et les compléments alimentaires, sur les médicaments, sur les produits industriels…

Une recherche publique doit être menée sur les notions de doses toxiques ; pour certains produits – dits perturbateur endocriniens – des doses très faibles s’avéreraient plus dangereuses que des doses élevées ; qu’en est il exactement ?

Mais aussi, cela confirme que les organismes publics d’évaluation (l’ANFM pour les médicaments, ridiculisée après l’affaire du Médiator, l’ANSES pour les risques sanitaires liés à l’alimentation, ou bien l’EFSA – agence européenne très liée au monde de l’agrobusiness ) sont aujourd’hui entre les mains de chercheurs dont les liens avec les industries agro alimentaires ou pharmaceutiques sont étroits et ne remplissent pas leur rôle.

La recherche publique est plus que jamais nécessaire mais elle doit être aussi contrôlée par les citoyens.

Enfin, les OGM – cultivés en plein champ – sont à condamner sans réserve.
Ils constituent une appropriation du vivant par des firmes capitalistes ; en effet, les gènes intégrés dans le capital génétique et provenant d’autres espèces animales ou végétales sont brevetés par les quelques multinationales spécialisées dans ce domaine – pas seulement Monsanto, mais également Sygenta et quelques autres –.

L’OGM développée à partir de ces gènes est également breveté et les agriculteurs ont l’interdiction de reprendre des semences sur leur propre production.
Un gène – nommé terminator ! – a même été développé pour rendre stérile les graines issues d’OGM ; pour l’instant il est interdit, mais demain…
Le vivant devient donc appropriation de quelques firmes et créateur de profits.

Nous constatons une fois de plus que le libéralisme économique et la financiarisation de l’économie ne connaissent pas de limites ; aucun secteur de l’activité humaine n’est à l’abri de leur prédation et tout, absolument tout, peut être source de profit pour quelques uns.

 

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